



Une priorité pour la coopération suisse
Sylvie Gardel
HEBDO. DDC : Alors que la plupart des ONG ont quitté l’île, la Suisse continue d’y déployer une aide indispensable à la population. Le tremblement de terre a fait déferler des hordes d’ONG sur Haïti. A tel point que personne, pas même le gouvernement haïtien, n’a jamais pu en donner le nombre exact.
Trois ans après le séisme qui a fait plus de 250 000 morts, 300 000 blessés dont des milliers de handicapés, et plus de 1,5 million de déplacés, la fenêtre d’atten-tion s’est refermée. La plupart des ONG ont quitté l’île. Le Fonds Clinton/Bush, créé spécialement pour l’occasion, s’est lui aussi retiré. La Suisse, au contraire, a décidé d’y poursuivre et même d’y intensifier ses activités. En septembre dernier, le Parle-ment a ratifié le message de la coopération internationale qui place Haïti comme pays prioritaire d’intervention de la Direction du développement et de la coopération (DDC) à partir de 2013. Engagée sur place depuis 2005, la DDC s’est immédiate-ment impliquée après le séisme avec une aide d’urgence et humanitaire de 13 millions de francs, puis dans des projets de reconstruction à plus long terme, comme celle d’infrastructures scolaires répondant aux normes de résistance sismique et cyclonique.
Au total, 42 millions ont été débloqués par la Suisse depuis le tremblement de terre afin de venir en aide à la population. «Grâce à la récente décision du Parlement et à des moyens financiers plus importants, nous pouvons envisager des approches institutionnelles structurantes à moyen-long terme essentielles à de réels changements de situation», détaille Bernard Zaugg, chef de coopération pour la DDC en Haïti.
Doté d’un budget annuel de 15 à 20 millions de francs pour ces 3 à 5 prochaines années, l’engagement de la DDC en Haïti consistera en un mix d’interventions (reconstruction, eau et assainissement, environnement et agriculture, prévention et gestion des risques des catastrophes naturelles, formation professionnelle, bonne gouvernance et Etat de droit). «Bien que plus importants, les fonds mis à disposition par la Suisse resteront toutefois modestes face aux besoins du pays et aux apports des autres grands bailleurs internationaux. La DDC aura donc à relever le défi d’utiliser efficacement les moyens disponibles, de trouver des niches dans lesquelles l’apport suisse peut faire la différence.» Quant à la Chaîne du Bonheur, qui avait levé 66 millions de francs de dons, elle n’aura pas les moyens d’investir au-delà de 2014. «Ce n’est pas notre mandat, relève son directeur Tony Burgener. Cependant, nos partenaires sont assurés de pouvoir développer leurs activités sur place sur la base de projets que nous avons menés. Etant donné le contexte fragile, nous avons également réservé un montant en cas d’urgence, afin de leur permettre de mener leurs projets à terme malgré de nouvelles catastrophes. Après le passage de Sandy, la Chaîne du Bonheur a financé trois nouveaux projets d’urgence à hauteur de 1 million de francs.» Jusqu’à présent, l’institution suisse a cofinancé 61 projets pour un total de 48 millions.
Dans un premier temps, 9 millions ont été alloués à l’aide d’urgence (distribution de vivres, aide médicale, construction d’abris provi-soires). La seconde phase, qui touche à sa fin, a notamment permis de soutenir des projets de reconstruction (maisons, latrines, réservoirs d’eau, routes, formation) développés par Caritas, la Croix-Rouge suisse, l’Entraide protestante suisse (EPER), Medair et Adra. Des fonds ont aussi été attribués au domaine médical (remise en état de dispensaires, construction d’un centre nutritionnel de Médecins du Monde et d’ateliers de prothèses de Handi-cap International), au développement économique (promotion de la pêche, des cul-tures maraîchères, des plantations pour combattre l’érosion avec Helvetas) et à l’éducation et la formation avec l’Armée du Salut et Terre des Hommes!
L’HEBDO, 3 janvier 2013